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Labubu en Corée du Sud : nouvelle tendance ou vrai phénomène ?

Labubu en Corée du Sud

Des étals animés de Séoul aux stories Instagram européennes, Labubu ne cesse de captiver. À la croisée de la culture kawaii, de l’art contemporain et du monde des figurines de collection, cette petite créature née de l’imagination de Kasing Lung s’est imposée comme un incontournable de la pop culture asiatique. Véritable œuvre de design et de storytelling visuel, Labubu a su séduire bien au-delà du cercle des passionnés d’art toys.
👉 Pour découvrir la communauté de fans et leurs dernières trouvailles, consultez le blog fan Labubu.

Cependant, à mesure que le phénomène s’étend, la question se pose : Labubu connaît-il une évolution durable ou s’agit-il simplement d’un engouement passager ? Plongée dans les rouages surprenants du phénomène en Corée du Sud, entre marché de niche, communauté de fans et stratégies commerciales bien rodées.

Les origines de Labubu : de Kasing Lung à Pop Mart

Le personnage de Labubu est né sous le crayon de Kasing Lung, illustrateur originaire de Hong Kong. Inspiré par les contes de fées, les créatures hybrides et un humour espiègle, Labubu incarne une figure à la fois étrange et attendrissante, loin des stéréotypes kawaii traditionnels.

Sa collaboration avec le géant chinois Pop Mart — emblématique pour ses blind boxes aux figurines surprises — a propulsé Labubu vers un nouveau statut. Les premières collections, éditées en quantités très limitées, se sont écoulées en un temps record, initiant un véritable phénomène culturel en Corée du Sud.

Des boutiques Pop Mart aux popup stores coréens, les files d’attente se multiplient et les figurines deviennent objets de convoitise. Ce succès s’inscrit dans une mouvance plus large d’engouement pour les objets mignons à forte dimension émotionnelle.

Pourquoi Labubu séduit la jeunesse sud-coréenne ?

Le succès de Labubu s’explique en grande partie par les valeurs esthétiques et sociales qu’il incarne en Corée. À la fois marginal et enfantin, expressif et mystérieux, le personnage fait écho à une jeunesse qui valorise l’unicité, l’évasion et le récit personnel – autant d’éléments clés dans l’univers de la mode et design en Corée.

  • Objet de réconfort pour les étudiants, souvent exposé sur les bureaux ou dans les dortoirs ;
  • Pièce artistique pour les designers ou créateurs coréens qui cherchent à affirmer leur goût esthétique ;
  • Symbole ludique et nostalgique pour les jeunes adultes attirés par la culture visuelle des années 2000.

La culture kawaii coréenne, qui mêle douceur et ironie, trouve ici un terrain d’expression idéal. Labubu devient alors un catalyseur d’émotion et d’identité, en particulier chez les 18-35 ans amateurs de design ou de storytelling visuel.

Le mécanisme des blind boxes et la fièvre des éditions limitées

Un des fondements du succès de Labubu tient au principe de la blind box, cette boîte surprise dont le contenu est aléatoire. Cela transforme l’acte d’achat en véritable jeu — renforçant ainsi l’aspect émotionnel de la découverte du modèle obtenu.

Ce principe séduit particulièrement la Corée du Sud, où l’achat devient une expérience ludique, immersive, et parfois frustrante : l’excitation de l’unboxing s’accompagne de la peur de tomber sur un doublon. D’où l’organisation d’échanges, de livestreams et même de reventes spéciales sur des plateformes comme Naver ou Carousell.

À cela s’ajoute la politique d’édition limitée menée par Pop Mart : séries spéciales pour Noël, éditions collaborations avec des artistes sud-coréens, kits thématiques… Tout est fait pour entretenir la rareté et déclencher l’acte d’achat impulsif — un fonctionnement proche de celui des produits « trend » dans le maquillage coréen.

Avantages et limites du modèle blind box

  • Avantages : jeu, excitation, effet communautaire (swaps, échanges, achats groupés)
  • Inconvénients : frustration, spéculation, risque de contrefaçon croissant

Comment identifier un Labubu authentique ?

Face à la prolifération des faux Labubu — notamment dans le marché parallèle en Corée et en Europe — il devient crucial de savoir reconnaître les versions originales. Voici les éléments clés à vérifier :

  • Logo Pop Mart gravé ou imprimé sous la figurine
  • QR code à scanner pour validation sur le site officiel Pop Mart
  • Qualité des finitions (pas de bavures, plastique dense, respect des couleurs d’origine)
  • Parfois numéro de série ou carte d’authenticité incluse dans la boîte

La communauté coréenne, très active sur les forums et les blogs spécialisés, partage régulièrement des guides comparatifs et listes de revendeurs fiables. L’expérience utilisateur est donc aussi nourrie par une démarche de prévention et de partage de connaissances.

Vers un essoufflement du phénomène en Corée ?

Depuis 2024, certains signaux montrent une forme d’essoufflement du phénomène Labubu en Corée du Sud. Les reventes explosent sur les apps locales, souvent à prix cassé. Labubu perd de sa rareté perçue, devenant pour certains un objet du quotidien : porte-clé, décoration de machine à laver, voire accessoire ménager.

Cette trivialisation reflète un phénomène bien connu des tendances pop asiatiques : un cycle rapide de viralité, saturation puis déclin ou transformation du produit en objet basique. De graal de collection, Labubu glisse progressivement vers une nouvelle identité, moins élitiste, potentiellement plus “grand public”.

Labubu conquiert l’Europe via les marchés de seconde main

Alors que l’engouement coréen s’atténue, nombreux sont les Labubu qui arrivent en Europe via Vinted, Leboncoin ou eBay. Ces plateformes voient l’émergence d’une nouvelle vague de collectionneurs, souvent situés en France, en Allemagne ou en Espagne, curieux de s’approprier cette figure venue de la culture visuelle asiatique.

Le phénomène se diffuse à travers TikTok, sous forme de vidéos d’unboxing, comparatifs, ou hauls Pop Mart. Mais cette transition ne va pas sans risques : les contrefaçons circulent aussi en Europe, alimentant la méfiance chez les acheteurs.

Des boutiques spécialisées, comme celles évoquées sur notre page consacrée à la mode K-pop à Paris, pourraient bien incarner la prochaine étape du développement européen de Labubu. À suivre…

Quand la communauté Labubu devient tendance à part entière

Si le produit en lui-même semble entrer dans un cycle de banalisation, l’univers communautaire autour de Labubu, lui, demeure actif. En Corée comme en Europe, des fans passionnés organisent des concours de customisation, des expositions, et des ateliers DIY autour du personnage.

Des lieux comme Maison Labubu à Séoul deviennent des hubs culturels, proposant des activités autour du design, de l’auto-expression et du lien émotionnel avec l’objet. Sur Instagram, YouTube ou TikTok, des micro-influenceurs comme @thelabubugirl partagent leurs créations ou astuces pour entretenir les figurines.

Conclusion : Labubu, miroir d’une époque entre mignonnerie et hyperconsommation

Labubu symbolise à la fois la montée en puissance des objets de collection dans la culture jeune coréenne et les limites d’un modèle basé sur la rareté orchestrée. En Corée du Sud comme en Europe, il incarne un désir d’originalité, de storytelling et d’appropriation émotionnelle. Si son statut d’icône s’érode légèrement, la créativité des fans, l’aspect personnalisable des figurines et leur richesse visuelle pourraient bien lui offrir une seconde vie, sur d’autres territoires, d’autres supports… ou dans l’imaginaire de nouveaux esthètes du design coréen.